Ah,
tant pis. Je vous le donne tout de suite, ce texte, et après ça, j’aurai mérité
un vrai congé.
***
L’autre
jour, alors que je prenais mon petit déjeuner au lit dans un hôtel du Canada
anglais, j’eus l’honneur et le privilège de tomber sur un moment de télévision
absolument horrifiant.
Ça
parlait de sexe. À 7h30 du mat’. Et pire encore, ça parlait du sexe chez les
mères de famille.
Madame
animatrice — Notre invitée, une ravissante mère–
Monsieur animateur — C’est vrai qu’elle est ravissante…
Ravissante mère — Hi, hi!
Madame animatrice — …a publié un livre dans lequel elle révèle que dans la vie, les mères ne veulent pas seulement jouer leur rôle de maman 24 heures sur 24.
Ravissante mère — On veut aussi du SEXE! Hi, hi! Est-ce que je peux dire ça à la télé?
Monsieur animateur, hypnotisé — Vous voulez du SEXE?
Ravissante mère, sautant comme une puce — Vouiiiiiiii! Hihihi!
Monsieur animateur — C’est vrai qu’elle est ravissante…
Ravissante mère — Hi, hi!
Madame animatrice — …a publié un livre dans lequel elle révèle que dans la vie, les mères ne veulent pas seulement jouer leur rôle de maman 24 heures sur 24.
Ravissante mère — On veut aussi du SEXE! Hi, hi! Est-ce que je peux dire ça à la télé?
Monsieur animateur, hypnotisé — Vous voulez du SEXE?
Ravissante mère, sautant comme une puce — Vouiiiiiiii! Hihihi!
Toute
cette belle compagnie était excitée comme, eh bien, comme des Canadiens anglais
quand ils s’aventurent à dire le mot “sexe”.
Personnellement,
j’étais mortifiée. J’ai pensé à toutes ces jeunes mères qui, ayant accouché au
cours du dernier, non, des trois derniers, non, des six derniers mois et ayant
encore l’impression d’avoir un pamplemousse entre les jambes, écoutaient cette
émission en angoissant. “Quoi??? Nous sommes supposées vouloir du sexe???”
La
vérité qui fait mal, messieurs (et mesdames qui n’ont pas d’enfant), est la
suivante: après avoir accouché, non seulement on n’a pas le goût d’avoir du
sexe, mais on n’a même pas le goût de se demander si, oui ou non, on a le goût
d’avoir du sexe.
La
vérité qui tue, c’est qu’on ne veut tout simplement pas y penser.
Primo,
avant six mois… mon Dieu, comment dire?… nous l’avons à vif. Pas comme dans
“Oooh, chéri, je ressens une chaleur intense qui t’interpelle” mais bien comme
dans “Ayoye! &*%$*&, ça chauffe!”
Afin
de bien comprendre mes propos, messieurs, imaginez-vous qu’une femme vous
promette l’amour charnel déchaîné et qu’au lieu de la sensation agréable
habituelle, vous avez l’impression qu’on vous administre une péniscopie. Bobo,
n’est-ce pas? Eh bien, pour les femmes, le sexe après l’accouchement, c’est ça.
“Bon.
Fort bien , Mère indigne, nous avons compris.
Mais dites-nous, dans votre grande sagesse, combien de temps après
l’accouchement durera cet inconfort?” Hum, selon mon expérience et divers
témoignages, cet inconfort (ce calvaire) dure environ un mois. Mais non, je
blague! On en a au moins pour six mois! On ne rigole plus, hein?
Par
contre, ensuite, tout rentre très rapidement dans l’ordre. Ah, ah, ah! Encore
une bonne blague!
Je
vais vous le dire, ce qui se passe, ensuite. Pendant la première année, c’est
en général (je sais, pas toujours, mais en général) la femme qui reste à la
maison et qui en profite pour s’épanouir en accomplissant de multiples
activités fascinantes, comme remplir le lave-vaisselle, vider le
lave-vaisselle, faire le souper, passer le balai, faire de la lessive, tout ça
en continu mais (allez savoir comment c’est possible) sans que jamais rien ne
soit parfaitement en ordre — tout juste assez pour ne pas mourir noyée sous les
immondices. Mais en parallèle avec tout cela, la femme s’épanouit également en
tenant dans ses bras, 20 heures sur 24, un bébé qui rechigne, certes, mais qui
hurlerait à pleins poumons aussitôt qu’on aurait l’impudence de le déposer.
Bref,
pendant 20 heures sur 24, la femme reçoit de la chaleur humaine. De la maudite
chaleur humaine.
Alors
pendant les 4 heures qui lui restent, qu’est-ce qu’elle veut, la femme? De la
chaleur humaine, also known as du sexe? Oh, Seigneur, que non! Elle ne veut
surtout pas de sexe! Pas de contact avec de la peau, pitié! Tout ce qu’elle
veut, tout ce qu’elle espère, c’est s’isoler farouchement dans un coin perdu de
la maison, un coin perdu qui dispensera juste assez de lumière pour qu’elle
puisse lire un roman policier dont les multiples meurtres sanglants agiront
comme un baume délicat sur sa psyché meurtrie. Non, la catharsis n’est pas une
fleur printanière dans la région du Kilimandjaro.
Alors,
la ravissante mère du début peut bien aller s’organiser des orgies entre deux
changements de couches; nous, on veut la paix.
Et
pour les nymphomanes perverses qui veulent du sexe immédiatement (c’est-à-dire
moins de six mois) après l’accouchement, allez former un club avec la
ravissante mère et annoncer vos services sur
www.jesuisunejeunemèrequiveutdusexe.com, mais ne venez pas nous déranger. Nous,
on dort.
Bon,
tout ça finira éventuellement par s’arranger et vous redécouvrirez les joies
d’une vie sexuelle normale, strictement dans la chambre à coucher, sans faire
de bruit, quand les enfants dorment ou, pour les plus pervers,
quand ils écoutent un DVD de Caillou. Si vous avez de la chance, mesdames, il
vous arrivera peut-être même de devoir aller allaiter en porte-jarretelles!
Est-ce
que j’ai dit une vie sexuelle normale, moi?
***
Messieurs,
je suis désolée. J’avoue que la conclusion ne peut pas vous réjouir. Vous aurez
compris qu’il faudra, pendant plusieurs mois (autour de douze, mais je ne
voulais pas dire un an, c’est trop dur psychologiquement):
1.
Ne pas insister, pour la simple raison que ça nous emmerde royalement et que
c’est, comment dire, contre-productif;
et
2. Vous faire un noeud dedans.
Je
vous conseille d’ailleurs d’utiliser pour ce faire un beau ruban rouge velouté
et joliment noué en boucle. Comme ça, quand l’envie nous reprendra, on aura
l’impression de déballer un cadeau très, très spécial.
Quant à vous, Mesdames, comme toujours, j’accepte les
chèques personnels
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