الثلاثاء، 8 مايو 2012

Victoire des islamistes en 2012 : l’Armée algérienne peut-elle répéter Juin 92

Victoire des islamistes en 2012 : l’Armée algérienne peut-elle répéter Juin 92 ?


Le chef d'état-major de l'Armée algérienne, le général Ahmed Gaïd 
Salah Le chef d'état-major de l'Armée algérienne, le général Ahmed Gaïd Salah
L’Armée algérienne peut-elle, comme elle l’a fait en juin 92, interrompre le processus électoral des législatives de 2012 en cas de victoire des islamistes qui ont déferlé sur la Libye pour laquelle le CNT promet la chari'a, sur le Maroc qui a désormais un chef de gouvernement issu du PJD, et sur Égypte tombée aux mains des Frères musulmans coursés par les salafistes du parti Al-Nour ?
C’est la question que se pose indirectement Jeune Afrique dans son édition du 12/12/2011 sous le titre "Comment le pouvoir algérien perçoit-il la percée des courants religieux en Libye, en Tunisie, au Maroc et en Égypte?" L’article fait remarquer que l’Algérie a salué ces "Révolutions" pour "la réussite de leur processus électoral respectif" sans aucune allusion faite aux vainqueurs, les islamistes dits "modérés" en Tunisie et au Maroc, Frères musulmans et Salafistes en Egypte proches idéologiquement dans tous les cas de figure de l’ex-Fis sorti vainqueur des premières législatives de l’Algérie post 88. "En réalité, écrit Jeune Afrique, ce qui semble gêner Alger dans la montée de l’islamisme au Maghreb est le précédent du 11 janvier 1992, quand l’Armée algérienne a interrompu, entre les deux tours, les élections législatives pour éviter un raz-de-marée islamiste." L’article appuie cette analyse par les propos d’une source militaire anonyme, un général des services de renseignements impliqué dans l’interruption du processus électoral de 92 dont les réponses, vingt ans après les faits, ne s’appuient pas sur la dimension politique de l’arrêt au premier tour des législatives, insistant sur son "lointain" passé comme pour souligner l’obsolescence d’une telle décision, d’un sursaut révolutionnaire bis qui paraîtrait, dans le contexte de la légitimité islamiste du Printemps arabe anti-démocratique, et jugé à l’époque salutaire par la société civile: "C’était il y a vingt ans, se défend un général des services de renseignements, une autre époque, un autre siècle. Nous sommes intervenus car le caractère républicain de l’État était menacé par un Parlement à chambre unique promis à un parti qui, au lendemain du premier tour, avait prévenu les Algériens qu’ils allaient devoir changer d’habitudes alimentaires et vestimentaires." La même source pense qu’un tel scénario n’est plus possible en Algérie pour le simple motif que "Aujourd’hui, une telle menace n’est plus possible pour une raison bien simple: il existe une deuxième chambre (le Conseil de la nation, faisant office de Sénat) qui empêcherait toute dérive ou tentation d’instaurer une République islamique." L’orateur anonyme admet donc que l’objectif de l’armée dans l’interruption du processus électoral de 92 était d’éviter l’instauration d’une République islamiste par l’ex-Fis non cités dans ses propos. Pourtant, l’instauration de cette République islamiste est un objectif, pour lequel travaille ouvertement Bouteflika, depuis son investiture en 1999 : politique de concorde civile, coalition présidentielle d’obédience islamiste, dialogue en coulisses avec les anciens chefs terroristes de l’AIS et du GIA, contrôle et exploitation des mosquées. " Est-ce à dire que l’armée exclut toute intervention en cas de victoire islamiste en Algérie? " telle est la grande énigme des législatives de 2012 ou des Présidentielles de 2014, rendez-vous électoraux que les islamistes de Bouteflika appellent à anticiper, avançant l’argument de l’accélération des révolutions arabes, sous-entendu l’instauration des "républiques islamistes" dans le Maghreb.
Jeune Afrique n'en donne pas une réponse claire mais laisse entendre que le scénario de 92 ne peut se reproduire, s’appuyant, toujours, sur les propos de la source militaire "En 2004, déjà, poursuit notre interlocuteur, le chef d’état-major de l’époque [le général Mohamed Lamari, NDLR] avait exclu cette possibilité."
Face à un effet de contagion islamiste sur les législatives de 2012, l’armée algérienne ne pourra donc faire barrage à la même « République islamiste » de l’ex-Fis ? Selon Jeune Afrique, il ne faut pas prendre pour argent comptant le fait que les partis islamistes agréés et intégrés et associés dans les instances décisionnelles de l'Etat ont été domptés: "Les islamistes de la coalition présidentielle ne sont pas partie prenante du pouvoir (...) seulement des associés." Ce qui expliquerait l’attitude frondeuse du chef du MSP, Bouguerra Soltani et son appel à une "union des partis islamistes" se préparant sans doute à plus d’autonomie dans la perspective de 2012 mais sans perdre pour autant ce privilège de statut d’ "associé" de Bouteflika.
Mais, dans cette logique, comment expliquer le plébiscite par les députés de Bouteflika du fameux article 4 de la loi organique sur les partis portant sur "l’interdiction à toute personne responsable de l’exploitation de la religion ayant conduit à la tragédie nationale de fonder un parti politique ou de participer à sa création" ait été adopté. C’est d’abord une "phobie" de Bouteflika qui l’a inscrite dans une formulation vague et imprécise. Est-ce l’ "exploitation de la religion" qui a conduit à "la tragédie nationale" pour laquelle il s’est posé en sauveur ? Cela sous-entend que l’instauration d’une République islamiste telle que voulue par l’ex-Fis sans, cette fois, une autre tragédie islamiste dont il croit avoir refermé les plaies par la concorde civile est désormais possible et même souhaitée. Ce sont là les non-dits de la formulation de l’article. D’autant que, à maintes reprises, Bouteflika a dit regretter que l’ex-Fis ait été interdit avant son investiture. Le rappel de ces déclarations est venu de Farouk Ksentini, Président de la CNCPPDH qui, en vérité, n’a pas jeté un pavé dans la mare quand il a déclaré "Je ne pense pas que Bouteflika soit contre le retour de l’ex-Fis", estimant que les anciens du parti dissous" qui n’ont pas été condamnés par la justice "ont le droit de militer dans un nouveau parti politique" démontrant ainsi la fragilité juridique et la caducité politique de cet article 4. D'anciens dirigeants du FIS dissous, comme Ali Benhadjar et Hachemi Sahnouni, bénéficiaires de la loi de la concorde civile ont exprimé, leur volonté de créer un nouveau parti. Alors faut-il voir dans cet article la volonté d'un possible remake d’un arrêt du processus électoral des législatives de 2012 par l’Armée si d’aventure les islamistes en sortiraient vainqueurs.Ce qui voudrait dire qu’elle ne ferait pas barrage à la République islamique du parti dissous, mais au projet islamiste de Bouteflika bâti sur une corruption systémique et un népotisme rentier desquels les généraux de la Grande muette ne sont pas exempts…

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