الجمعة، 11 مايو 2012

ALGERIE. Législatives : le boycott pour seul moyen d'expression

ALGERIE. Législatives : le boycott pour seul moyen d'expression

Créé le 10-05-2012 à 10h20 - Mis à jour le 11-05-2012 à 07h12 4 réactions

Lassés par la vie chère, les Algériens, appelés à renouveler leur Parlement, préfèreront sans doute le silence de l'abstention pour protester contre la classe politique

Le 29 avril à Alger, des jeunes appellent au 
boycott du pouvoir et à la libération du militant des droits de l'homme,
 Abdelkader Kherba. (AFP /FAROUK BATICHE)

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Le 29 avril à Alger, des jeunes appellent au 
boycott du pouvoir et à la libération du militant des droits de l'homme,
 Abdelkader Kherba. (AFP /FAROUK BATICHE)
Le 29 avril à Alger, des jeunes appellent au boycott du pouvoir et à la libération du militant des droits de l'homme, Abdelkader Kherba. (AFP /FAROUK BATICHE)
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Aux terrasses de cafés, dans les allées des universités, dans les rues, la population algérienne est plus occupée à commenter l'élection du nouveau président de la République française et à s'insurger contre le prix de la pomme de terre qu'à débattre de leurs propres élections législatives qui ont lieu ce jeudi 10 mai. D'ores et déjà, la presse algérienne annonce un grand vainqueur : l'abstention. En 2007, le taux officiel de participation ne dépassait pas les 37% et le phénomène risque de s'amplifier.
Plus d'un an après les manifestations qui avaient éclaté dans le sillon de la révolution tunisienne, les Algériens sont toujours gagnés par le fatalisme et la lassitude malgré la présence de 44 partis au scrutin, dont 23 nouveaux. Préoccupés par un quotidien émaillé de grèves, minés par une inflation galopante, hantés par une guerre civile qui a traumatisé plusieurs générations, désabusés par des décennies de fraudes électorales, les Algériens se détournent d'un système politique qu'ils estiment verrouillé et incapable de se réformer. La campagne s'est achevée dans une indifférence générale et certains meetings ont été annulés... faute de participants.
Le désenchantement est bien ancré et le pouvoir tente de convaincre –parfois violemment- que le pays est en train de changer. Les partis islamistes de leur côté espèrent profiter du succès des formations islamistes dans les pays voisins, au Maroc et en Tunisie pour se placer comme principale force d'opposition.

A la recherche d'une crédibilité

Le régime au pouvoir compte pourtant sur ce scrutin proportionnel à un tour pour asseoir une légitimité depuis longtemps perdue et baliser la présidentielle de 2014. Il cherche, à travers ces législatives, à consolider les réformes entamées pour contenir la vague des révoltes arabes. Suppression de l'état d'urgence en février 2011, révision de la Constitution, loi sur les partis, sur les associations, nouveau code de l'information... autant de mesures censées calmer les mécontentements qui éclatent un peu partout. Le pouvoir a aussi arrosé de son bas-de-laine - confortable grâce à la rente pétrolière -toutes les corporations garantissant le statu-quo mais sans jamais réussir à convaincre.
Le président Abdelaziz Bouteflika lui-même, comme dans un dernier souffle, a tenté mardi 8 mai de mobiliser la jeunesse à ce rendez-vous électoral, allant jusqu'à exprimer clairement son désir de quitter la vie politique. De passage à Sétif pour commémorer la répression du 8 mai 1945, il a répété par trois fois : "Je m'adresse aux jeunes qui doivent prendre le relais, car ma génération a fait son temps. Après avoir libéré le pays et participé à son édification, l'heure de la retraite a sonné pour les anciens [...] Les gens qui ont libéré le pays vous disent que nous n'avons plus les forces pour continuer. Le pays est entre vos mains, prenez-en soin." Le chef de l'Etat a d'ailleurs comparé l'enjeu de ces élections au 1er novembre 1954, date du début de la guerre d'indépendance ! Cinquante après la fin de la guerre d'Algérie, les mots sont graves comme si le pouvoir jouait sa survie.
L'implication du président de la République dans une campagne pour les législatives révèle le désarroi d'une équipe dirigeante aux abois. Au Parlement, son parti le FLN, tiraillé par des tensions internes, a perdu de l'influence sur la scène algérienne. Une importante campagne d'incitation au vote a été organisée dans tout le pays. Des SMS ont été envoyés sur les portables, des arrestations et des poursuites pénales ont été engagées à l'encontre de citoyens qui ont appelé au boycott des élections.

Arrestations

L'organisation Human Rights Watch (HRW) s'est alarmée le 9 mai de l'interdiction faite aux Algériens de manifester contre la tenue de ce scrutin. "Si les autorités algériennes ont vraiment l'intention de respecter les droits humains et les réformes démocratiques, elles devraient assouplir les lois pour montrer qu'elles ne craignent pas de laisser les Algériens exercer leur droit de rassemblement", a déclaré dans un communiqué Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de l'organisation internationale.
Lorsque qu'une manifestation est considérée comme politiquement sensible, "les forces de sécurité bloquent l'accès à l'endroit prévu pour le rassemblement", explique HRW. "Puis elles y pénètrent pour disperser tous ceux qui ont réussi à atteindre l'endroit, arrêtant certaines personnes et les transportant vers les postes de police, où elles sont détenues plusieurs heures avant d'être relâchées."
Mais les menaces n'y font rien, de nombreux Algériens ont décidé de faire du boycott leur seule arme politique.

L'abstention comme moyen d'expression

Les raisons du rejet sont nombreuses. Le quotidien "El Watan" explique dans son édition du 9 mai que "l'Assemblée populaire nationale ne pouvait avoir meilleure image en détournant le regard des problèmes de fond : la corruption, le régionalisme, les passe-droits, le non-respect des libertés, les atteintes aux droits de l'homme (...). l'Assemblée asservie et sans contenance a fini par agacer les Algériens qui n'ont que faire d'une institution qui n'est ni plus ni moins qu'une source de rente et une voie pour l'affairisme". Pour beaucoup, la séparation des pouvoirs n'est qu'une vitrine. Les députés sont accusés d'obéir aux politiques du gouvernement lui-même dirigé dans l'ombre par les militaires et les services de renseignements.
Battre l'abstention de 2007, voilà le mot d'ordre de ceux qui appellent au boycott. Cet appel est porté par des personnalités influentes. "El Watan" cite en premier lieu le militant des droits de l'Homme Ali Yahia Abdenour qui, dans une tribune au quotidien, estime que "la priorité politique absolue est le boycott". Ou encore Maïssa Bey, grande figure de la littérature algérienne, qui expliquait au "Journal du Dimanche" le 6 mai dernier qu'elle n'ira pas voter : "Ce serait faire le jeu du régime, faire le jeu du clientélisme et de la corruption."
Mais ce sont aussi des anonymes qui remportent les suffrages du boycott. Sur les réseaux sociaux, les jeunes se sont mobilisés il y a quelques jours contre l'arrestation du cyber-activiste Tarek Mameri qui appelait à coup de vidéos postées sur YouTube au boycott des élections. Fin avril, le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, a mis en garde ceux qui encourageraient le boycott des élections. Il a déclaré que "des sanctions sévères seront appliquées envers toute personne" qui nuirait à la crédibilité des prochaines élections. Pourtant, aucun article de loi algérien n'interdit l'appel au boycott.
- Une des vidéos de Tarek Mameri :
Libéré le 4 mai, en attente d'un jugement, le web reste actif.
Sur Twitter, certains ont créé le hashtag #10MaiToz, comme pour souligner que ces élections ne changeront rien à leur vie quotidienne.

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